Source : Site Amikinos.fr - Pierre Maupilier - Copyright 2017
On entend, à juste titre, de plus en plus parler des glucides dans les croquettes pour chiens et chats. Mais que devons-nous savoir exactement sur les glucides ?
Nous allons répondre de façon simple à cette question afin que vous puissiez faire le meilleur choix pour les aliments de vos chiens et chats.
Que sont les glucides dans les croquettes pour chiens et chats ?
En réalité quand on parle de glucides dans les croquettes pour chiens et chats, on parle de tout ce qu’il reste une fois que l’on a enlevé les protéines, la matière grasse, les fibres, les cendres (minéraux) et l’humidité. On obtient alors ce que l’on appelle en anglais les « Nitrogen Free Extract » ou « NFE ». En français, les NFE sont les « Extractif Non Azoté » ou « ENA ». On peut donc obtenir le taux de glucides, ou plus justement de ENA par le calcul suivant :
ENA = 100 – (Humidité + Graisses brutes + Protéines brutes + Fibres brutes + Cendres brutes)
Le plus important est de savoir que la partie assimilable de ces glucides (ENA), est équivalente à du « sucre » pour les organismes des chiens et des chats.
Les principales sources de glucides dans les croquettes pour chiens et chats :
Dans les croquettes ou les pâtés pour chiens et chats, les glucides proviennent principalement des ingrédients suivants :
Céréales (blé, maïs, avoine, millet, riz…etc.)
Légumes (choux, haricots, courgettes, carottes…etc.)
Légumineuses (lentilles, petits pois, pois chiches, soja…etc.)
Pomme de terre
Patate douce
Tapioca
Fruits (pommes, poires…etc.)
Sucre
Le problème des glucides dans les croquettes pour chiens et chats :
Le problème avec la partie assimilable des glucides (ENA), c’est qu’elle va jouer sur le taux de glucose sanguin (glycémie). Quand la glycémie s’élève, le pancréas va alors produire des quantités importantes d’insuline.
L’insuline est une hormone qui a pour but principal de rétablir une glycémie normale. Afin de maîtriser au mieux la glycémie, l’insuline va alors mettre en œuvre des changements métaboliques pour se débarrasser le plus rapidement possible de ce surplus de sucre (glucose) dans le sang.
La plupart du temps, entre chaque repas, l’insuline n’a même pas le temps de retrouver son niveau normal que le repas suivant arrive et fait de nouveau grimper le taux d’insuline.
L’organisme va donc fonctionner en permanence sur un métabolisme dicté par l’insuline. Malheureusement, ce métabolisme lié à la présence d’insuline n’est absolument pas fait pour être permanent. Ce devrait être uniquement une solution temporaire mise en place par l’insuline pour évacuer le surplus de glucose.
Par conséquent, quand l’alimentation des chiens et des chats impacte trop cette glycémie, à chaque repas on reproduit le même cycle :
Taux de glycémie trop élevé (hyperglycémie),
entraînant une sécrétion importante d’insuline,
entraînant des réactions métaboliques.
A long terme, donner une alimentation, croquettes, boites ou autre (ration ménagère y comprise), impactant trop la glycémie, va avoir de très gros impacts sur la santé.
En effet les problèmes de santé provoqués par les glucides sont à la fois ceux engendrés par des hyperglycémies répétées, et ceux engendrés par de forts taux d’insuline (hyper-insulinémies). Pour ne rien arranger, plus il y a d’hyper-insulinémies, plus l’organisme devient résistant à l’insuline. Et donc plus l’organisme va devoir produire d’insuline puisque celui-ci y répond de plus en plus mal. C’est exactement comme quelqu’un qui boit de plus en plus d’alcool et qui en ressent de moins en moins les effets pour une même dose. C’est ce que l’on appelle la « résistance à l’insuline » ou « insulinorésistance ».
Selon l’étude « Hyperinsulinemia: A unifying theory of chronic disease?« , les conséquences, à court et à long terme, des hyperglycémies répétées et des hyper-insulinémies sont les suivantes :
Surpoids/obésité (voir : Croquettes pour chiens et chats en surpoids)
Problèmes cardio-vasculaires (athérosclérose, hypertension artérielle…etc.)
Insuffisance rénale (voir : L’insuffisance rénale chronique (IRC) chez le chien et le chat)
Inflammation chronique
Dégénérescences neurologiques
Diabète de type 2 (et toutes ses conséquences)
Cancers
Vieillissement prématuré
Stéatose hépatique (foie gras)
Sédentarité
Dérégulation de la sensation de faim (voir : La régulation de la faim chez le chien et le chat.)
Addiction
Pancréatite
La prestigieuse école de médecine d’HARVARD montre dans une étude sur l’obésité, que chez les personnes âgées en surpoids, la réduction de la consommation de glucides est associé à la perte de poids (notamment à la perte de gras viscéral), mais aussi à la baisse de la résistance à l’insuline (ou insulinorésistance) et à un taux de cholestérol amélioré. L’étude précise que « ces changements sont liés à une diminution du risque d’accident vasculaire cérébral, de diabète et de maladie cardiaque ».
Pourquoi n’y a-t-il pas de croquette sans glucides ?
Malheureusement, compte tenu des technologies actuelles, les taux de glucides (ENA) minimaux possibles tournent autour des 10%.
En revanche ce qui est sur, c’est qu’à l’heure actuelle, il est impossible d’avoir une croquette avec moins de 5% de glucides. En effet, une partie de glucides est notamment nécessaire à l’agglomération. Cette partie de glucides minimal nécessaire à l’agglomération peut varier en fonction des recettes. Par exemple, compte tenu de nos recettes sur Référence chien et Référence chat, les limites minimums de glucides sont de 9 % et 8 %.
Vous en tirerez donc votre propre conclusion quant aux marques annonçant des taux de glucides inférieurs à 5%…
Vous conclurez aussi que toute source principale de glucides ne participant pas à l’agglomération de la croquette est inutile et évitable.
Il est aussi bon de rajouter qu’un taux idyllique pour certains de 0% de glucides ne sera jamais atteignable et d’ailleurs complètement inutile :
Inutile puisque même les chiens et les chats sauvages consomment un peu de glucides. Les glucides vont être réellement néfastes seulement quand ils provoquent des hyperglycémies et de l’hyper-insulinémie.
Inatteignable puisque même la viande contient un peu de glucides (jusqu’à 4% pour le foie).
Un taux idéal de glucides serait en dessous des 10% mais absolument pas 0% si l’on se fie à la nature.
Comment maîtriser au mieux la glycémie ?
Les principaux facteurs :
De façon générale, afin de maîtriser au mieux la glycémie, il faut faire attention à 2 principaux facteurs indissociables l’un de l’autre :
La teneur en glucides
L’index glycémique (IG) des glucides.
La teneur en glucides va se traduire (de façon simplifiée) par la quantité de glucose (sucre) qui va arriver dans le sang. L’index glycémique (IG) des glucides va, quant à lui, déterminer à quelle vitesse les glucides vont arriver sous la forme de glucose dans le sang. Plus l’index glycémique est élevé, plus les glucides arriveront vite sous la forme de glucose dans le sang.
Les index glycémiques sont compris entre 0 et 115. On considère la chose suivante :
Indice glycémique faible : inférieur ou égal à 35
Indice glycémique moyen : Entre 35 et 50
Indice glycémique élevé : Plus de 50
En image, cela se traduit par le graphique suivant :
Ce graphique nous montre que plus un index glycémique (IG) est bas moins il y aura de pic de glycémie (hyperglycémie) et moins il aura de risque d’hypoglycémie. Plus un IG est bas plus le risque d’hyper-insulinémie sera faible puisque la plus grosse production d’insuline est causée par les hyperglycémies. Il faut aussi souligner que plus l’index glycémique d’une source de glucides est élevé, plus cette source aura un effet addictif sur les chiens et les chats.
Voici une petite vidéo du CNRS sur l’addiction au sucre :
Vous comprendrez donc l’importance d’éviter les sources de glucides avec un IG élevé.
Les personnes ayant délaissé une croquette avec de la pomme de terre (IG 70) pour une croquette contenant du tapioca seront extrêmement déçues d’apprendre que ce dernier a un index glycémique (IG) supérieur encore puisque de 85.
Vous pouvez vérifier les index glycémiques de bon nombre d’ingrédients sur le site www.montignac.com
Les autres facteurs :
Là où cela se complique un peu, c’est que 2 taux identiques de glucides (ENA) sur 2 croquettes différentes ne vont pas forcement se traduire par une même quantité de glucose arrivant dans le sang. En effet, le taux conventionnel de glucides (ENA) d’une croquette contient une partie de glucides non-assimilables. Ces glucides non-assimilables ne vont pas contribuer à l’augmentation de la glycémie car ils ne seront pas assimilés mais rejetés dans les selles ou utilisés par la flore intestinale. Dans les croquettes, la partie des glucides (ENA) qui auront un impact sur la glycémie seront principalement l’amidon et les sucres. L’amidon n’étant ni plus ni moins qu’une chaîne répétée de molécules de glucose. Plus la molécule d’amidon est longue, plus l’index glycémique diminuera.
Le cas particulier du fructose :
Dans les glucides des croquettes, tous les sucres sont principalement composé de 2 molécules : Le glucose et le fructose.
Par exemple, l’amidon, comme précédemment mentionné, est une chaîne plus ou moins longue de molécules de glucose.
Le saccharose (sucre blanc) est, quant à lui, composé d’environ 50% de glucose et 50% de fructose.
Alors que le glucose se trouve un peu partout dans les ingrédients sous la forme plus ou moins complexe d’une molécule d’amidon, le fructose lui se trouve principalement dans les fruits, d’où son nom.
Contrairement au glucose (et non pas l’amidon) qui a un index glycémique de 100, le fructose a lui un index glycémique très bas d’environ 20. C’est pour cela que le saccharose n’a pas un index glycémique de 100 puisqu’il contient 50% de fructose. Malheureusement, malgré ce faible index glycémique, le fructose est réellement problématique. La problématique du fructose s’explique par les 3 principales raisons suivantes :
Le métabolisme du fructose intervient uniquement dans le foie. Donc toutes les molécules de fructose ingérées vont être stockées sous la forme de gras (lipogenèse). En comparaison, toutes les cellules du corps peuvent utiliser le glucose.
Le fructose est métabolisé sans limite ; plus de fructose ingéré se traduit par plus de formation de gras (lipogenèse) dans le foie. Il n’y a aucun frein naturel pour ralentir cette production de gras.
Il n’y a aucune alternative de stockage pour le fructose. En comparaison, un excès de glucose est stocké facilement et en toute sécurité dans le foie sous la forme de glycogène. Si besoin, le glycogène est divisé en glucose comme source d’énergie facilement accessible. En revanche le fructose, lui, n’est pas stocké sous une forme facile d’accès pour l’organisme. Il est métabolisé sous la forme de gras ce qui n’est pas facilement réversible pour pouvoir s’en débarrasser.
Le faible impact du fructose sur la glycémie n’en fait malheureusement pas une molécule moins néfaste dans les croquettes pour chiens et chats. Loin s’en faut parce qu’il conduit à la stéatose hépatique.
Les sources de glucides à éviter dans les croquettes pour chiens et chats :
Voici donc la liste des sources de glucides à éviter dans les croquettes (et dans toute ration alimentaire évidemment) pour chiens et chats ainsi que la raison pour laquelle elles doivent être éviter :
Pomme de terre : index glycémique élevé
Tapioca : index glycémique extrêmement élevé
Les fruits (pommes, poires…etc.) : teneur en fructose, inutiles pour l’agglomération d’une croquette
Les légumineuses (pois chiches, petit pois, lentilles…etc.) : Voir notre article sur « Le problème des légumineuses dans les croquettes pour chiens et chats »
Les courges (ex : courge butternut) : index glycémique élevé
Potiron : index glycémique élevé
Céréales : teneur en gluten (pour les céréales en contenant), risques de mycotoxines (pour beaucoup d’entre elles), index glycémique élevé (pour certaines).
Sucre : index glycémique élevé
Conclusion sur les glucides dans les croquettes pour chiens et chats :
Les glucides (ENA) sont néfastes quand ils impactent la glycémie de façon excessive. Cependant, seule la partie assimilable des glucides aura un impact sur la glycémie.
Les conséquences d’une glycémie excessivement impactée (de façon répétée) sont les suivantes :
Surpoids/obésité (voir : Impact nutritionnel de la stérilisation)
Problèmes cardio-vasculaires (athérosclérose, hypertension artérielle…etc.)
Insuffisance rénale (voir : L’insuffisance rénale chronique (IRC) chez le chien et le chat)
Inflammation chronique
Dégénérescences neurologiques
Diabète de type 2 (et toutes ses conséquences)
Cancers
Vieillissement prématuré
Stéatose hépatique (foie gras)
Sédentarité
Dérégulation de la sensation de faim (voir : La régulation de la faim chez le chien et le chat.)
Addiction
Pancréatite
Afin de minimiser l’impact des glucides dans les croquettes pour chiens et chats, il faut faire attention à :
La quantité de glucides assimilables
L’index glycémique des glucides
La quantité minimale de glucides (ENA) dans une croquette est aux alentours de 10%. Cette quantité minimal varie en fonction de la recette utilisée. Aucune usine n’est actuellement capable de produire une croquette avec moins de 5% de glucides (ENA). Par conséquent, toute source de glucides ne participant pas à l’agglomération de la croquette est inutile et évitable. C’est le cas des fruits qui apportent du fructose de façon totalement inutile et évitable.
Pierre Maupilier
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